www.crashdehabsheim.net

PAU: Régional Airlines décollage raté

 

Vu ici à l'atterrissage à l'EuroAirport en 2006, le Fokker 100 accidenté, immatriculé F-GMPG.

Jeudi 25 janvier 2007, un avion de la compagnie Régional, filiale du groupe Air France, a percuté un camion après une sortie de piste au décollage de Pau. Le chauffeur du camion a été tué sur le coup alors que les occupants de l'avion étaient "indemnes", s'en tirant avec une belle peur rétrospective.

Le Fokker 100, immatriculé F-GMPG, avec 50 passagers à bord et quatre membres d'équipage effectuait le vol AF7775 entre Pau et Roissy Charles-de-Gaulle le jeudi 25 janvier 2007 dans la matinée.

"L'avion est sorti de piste au décollage", selon le communiqué de la compagnie "Régional". Selon le BEA, des oscillations en roulis au décollage ont contraint l'appareil à se reposer d'urgence dans un champ. Lancé à grande vitesse, l'avion a arraché la clôture de l'aérodrome avant de traverser une route en léger contrebas. Un camion a été percuté à cet instant et son chauffeur tué sur le coup. Le Fokker, continuant sur son erre, a perdu ensuite son train principal avant de s'immobiliser sur le ventre au bout de 500 m environ.

Immédiatement le ministère des transports annonce aux médias, et donc au public, son hypothèse sur LA cause de l'accident: "A l'origine du drame, l'un des réacteurs de l'avion aurait vraisemblablement ingéré des oiseaux".

Un peu de prudence s'impose car à vouloir aller trop vite en besogne, on court le risque d'être démenti et ridiculisé demain. Les hypothèses sont suffisamment nombreuses: problème aviaire, mécanique, aérologique ou de pilotage, pour qu'il soit urgent d'attendre de plus amples renseignements des enquêteurs avant d'imaginer les causes de cet accident.

Quand aux passagers, ils ont eu beaucoup de chance dans cet avion resté entier et pour une évacuation  qui semble s'être déroulée dans les règles de l'art. Le conducteur du camion a joué de malchance. Il n'a peut-être jamais pris ni envisagé de prendre l'avion et aurait pu se trouver tout simplement quelques dizaines de mètres avant ou après la trajectoire incontrôlable du Fokker.

Selon les affirmations des médias, le Ministre des transports Dominique Perben a mandaté le Bureau d'Enquêtes et d'Analyses  (BEA) pour qu'il diligente une enquête, afin que "toute la lumière soit faite sur les causes de ce dramatique accident".

C'est tout de même formidable, un Ministre, me direz-vous. Ainsi donc, "une enquête va être lancée avec diligence et toute la lumière va être faite". Dans quel monde fantastique nous vivons tout de même ! Où de l'art d'émettre des évidences comme M de La Palice.

 

Moins d'une semaine après l'évènement, le Bureau d'Enquêtes et d'Analyses publie un premier communiqué:

"Les données des enregistreurs de vol ont été lues le vendredi dans l'après-midi ; elles sont de bonne qualité. Leur validation et leur exploitation sont en cours.

Les témoignages recueillis et les données préliminaires des enregistreurs confirment que l'avion a eu une accélération normale jusqu'à la vitesse de rotation. Immédiatement après son envol, il s'est incliné rapidement à gauche, puis a basculé à droite et à nouveau fortement à gauche. Il a perdu de l'altitude, a heurté le sol et a rebondi. Sa vitesse était alors d'environ 160 kt. L'équipage a réduit la poussée des moteurs, l'avion s'est reposé et a poursuivi sa course à droite de la ligne de feux d'approche avant d'arracher la clôture de l'aérodrome et de franchir la route où passait le véhicule dont le conducteur a été tué.

Pendant la phase de vol, aucune perte de poussée des moteurs n'a été enregistrée. Après l'immobilisation de l'avion dans le champ, l'équipage a lancé la procédure d'évacuation. "

http://www.bea-fr.org/francais/actualite/actu.htm

 

L'enquête du BEA va conclure en novembre 2008 : "L'accident est dû à une formation non détectée de glace sur les ailes et à une réaction réflexe face à un envol d'oiseaux".

Lire le rapport complet sur le site du BEA:

   http://www.bea.aero/docspa/2007/f-pg070125/pdf/f-pg070125.pdf

 

Mais la Justice ne l'entend pas de cette oreille et un procureur zélé, M Maurel, va prendre en charge la suite qu'il entend donner à cette affaire: "Je ne suis pas certain de partager toutes les conclusions du rapport du BEA, notamment sur les risques aviaires". Le procureur a donc "demandé des investigations techniques complémentaires au juge d'instruction, dont le résultat devrait donner un éclairage déterminant sur le déroulement des faits et les éventuelles responsabilités qui pourraient en découler".

 

Enfin en octobre 2009, le juge d'instruction va notifier ses conclusions. Le CdB et le copilote sont mis en examen pour homicide involontaire. Parmi les éléments de l'enquête tendant à mettre en relief une éventuelle responsabilité des pilotes, figure l'enregistrement des conversations précédant immédiatement le décollage. Les transcriptions mentionnent des plaisanteries, des rires, et notamment le fait que l'un des deux pilotes chantait du Elvis Presley. La vérification du givrage des ailes, et la réaction de l'équipage à la présence d'oiseaux posent également question.

Quant aux proches du camionneur tué dans l’accident, ils ont déjà leur avis. Selon leur avocat, Me Thierry Sagardoytho, « La responsabilité des deux pilotes est entière. Ce dossier illustre tristement combien Air France a eu raison de dénoncer dernièrement la ‘‘sur-confiance’’ de ses pilotes. Il eut été plus raisonnable de se concentrer sur les vérifications d’usage que de fredonner le répertoire d’Elvis, ce jour-là. Car Michel Coupau serait peut-être encore parmi nous», conclut l’avocat palois.

Les parties ont à présent trois mois pour faire des observations au juge et le parquet pour se positionner sur l’une des trois options suivantes : non-lieu, supplément d’information ou renvoi en correctionnelle.

 

On distingue bien sur cette photo le train principal du Fokker, caractéristique de cet avion.

 

         

Quelques remarques que l'on peut faire sur ces photos:

- On distingue la trainée faite par l'avion dans la terre meuble. Peut-être aussi par la roulette de nez que l'on voit enfoncée dans le sol.

- Le train principal a bien disparu, perdu en cours de route.

- Les AF dans la queue ne sont pas sortis et 3 sur 4 des issues de secours sur les ailes n'ont pas été ouvertes.

 

 

 

                       

                L'état du camion permet d'imaginer la violence du choc qui n'a laissé aucune chance au conducteur.

 

 

          

Deux autres vues prises un peu plus tard dans l'après midi

La boue sur les roues du train principal prouve qu'elles ont tourné dans la terre meuble du champ avant d'être s'arrachées.