Tu 154 Crash en Mer Noire
 
 

Le 25 décembre 2016, un Tu 154 de l'armée russe s'abîme en Mer Noire 2 minutes après son décollage de Sotchi. Il transportait 92 personnes dont les 64 membres du chœur Alexandrov, les "Chœurs de l'Armée Rouge". D'importants moyens de recherche sont rapidement déployés, 7 navires de guerre, 7 avions, 12 hélicoptères et 20 drones à la recherche des débris et des corps. Aucun survivant mais les enregistreurs de vol sont récupérés au bout de deux jours.

Pendant l'enquête et alors que les enregistreurs récupérés sont analysés, tous les Tu154 sont cloués au sol et interdits de vol.

Les "Chœurs de l'Armée Rouge, mondialement célèbres, sont décimés dans cet accident, 1/3 de ses membres sont décédés. Ils se rendaient en Syrie sur la base aérienne de Hmeimim pour soutenir et souhaiter de bonnes fêtes aux quelque 4.300 soldats russes déployés dans ce pays et à leurs familles.

 
 

 Illusion somatogravique

Pour les experts militaires, cette catastrophe aérienne est due à une désorientation spatiale du commandant Volkov. Au lieu de se fier aux indications des appareils, comme l’exigent toutes les consignes de vol, le pilote s’est orienté sur ses perceptions physiologiques. Son système vestibulaire lui « soufflant » que l’appareil prenait de l’altitude trop rapidement, le commandant a décidé de baisser le nez de l’avion. Par ailleurs, il a décidé de compenser une déviation spontanée de l’appareil vers la droite tout aussi illusoire en tournant le gouvernail à gauche. Ses agissements sont finalement devenus chaotiques, rappelant, pour reprendre les propos d’un des experts, « les mouvements paniqués, en tout sens, d’un individu perdu en forêt ».

Toujours selon les experts, cette situation critique est due à la « fatigue émotionnelle et physiologique » du commandant Volkov, ainsi qu’à son manque d’« acquis solides » de pilotage en conditions difficiles. Toutefois, les enquêteurs incriminent non seulement les pilotes décédés, mais également leurs commandants instructeurs. Le rapport d’enquête affirme ainsi que ces derniers ont violé une vingtaine de consignes, stipulant que les officiers d’aviation militaire doivent suivre de près la formation des pilotes et, qui plus est, fait l’erreur de confier un vol si important à un équipage relativement inexpérimenté, choisi au dernier moment parmi plusieurs escadrilles.

 

Les détails de la chronologie de l'accident publiés le 31 mai

Les enquêteurs ont pu reconstituer à la seconde près toutes les circonstances de la catastrophe. Et, à les en croire, les premiers problèmes sont survenus dès le décollage de l’appareil, à l’aéroport d’Adler, à Sotchi.

Selon les spécialistes, le commandant du Tu-154, Roman Volkov, « a commencé d’éprouver des difficultés à s’orienter » alors qu’il était encore au sol – lors du déplacement de l’appareil sur la voie de circulation. Le pilote n’arrivait pas à déterminer de laquelle des deux pistes de l’aéroport il devait décoller, ni le meilleur chemin à emprunter pour la rejoindre. Grâce à l’aide d’un véhicule d’accompagnement, l’avion est néanmoins parvenu jusqu’au lieu du décollage et, à 05h24, s’est élevé dans les airs avec un cap à 238°.

Toutefois, dès la 7e seconde après le décollage, une « situation étrange » s’est établie dans le cockpit, estiment les enquêteurs : le commandant Volkov, très agité et dans « un lexique ordurier », a commencé d’expliquer à l’équipage avec quel cap ils décollaient. Le pilote, poursuit le rapport d’enquête, a en outre cessé de contrôler en personne les paramètres de décollage et détourné ses collègues de leur travail.

Après avoir quitté le sol et donné à l’appareil un tangage approprié de 15°, le pilote a commis son premier acte « illogique » du point de vue des experts : il a repoussé le gouvernail, ralentissant la prise d’altitude. À la 53e seconde de vol, alors que l’avion n’avait atteint qu’une altitude de 157 m, le commandant a ensuite ordonné à l’équipage de rentrer les volets, bien que le règlement stipule de ne le faire qu’à partir de 500 m d’altitude. Le pilote continuant de repousser le gouvernail, l’appareil a finalement, à 231 m d’altitude, commencé à descendre. « Oh put*** ! », s’est alors exclamé le commandant, en sentant que l’accélération, au lieu d’être positive – la norme lors d’un décollage –, était soudain devenue négative.

L’avion s’est alors mis à perdre très rapidement de l’altitude (6-8 m/sec). L’alarme censée prévenir l’équipage d’un rapprochement dangereux avec le sol a retenti et, dans le cockpit, le tableau rouge correspondant s’est mis à clignoter. Aucun des pilotes ne semble, toutefois, y avoir prêté attention. Pressentant manifestement le danger, le commandant a posé à on ne sait qui une question rhétorique, toujours dans un langage obscène, d’ailleurs restée sans réponse.

Dès lors, les agissements du commandant, d’étranges, sont devenus tout bonnement suicidaires : après un virage avec une légère inclinaison à droite, d’environ 10°, il est brusquement passé à une inclinaison raide vers la gauche, de 53°. La manœuvre a triplé la vitesse de la descente.

Selon les données de la boîte noire, à la 70e seconde de vol, le Tu-154 ne se trouvait plus qu’à 90 m de la surface de l’eau, chutant à une vitesse de 20 m/sec avec une inclinaison gauche élevée. Les spécialistes sont sans appel : à ce moment, les passagers étaient déjà condamnés – même le plus expérimenté des pilotes n’aurait pu faire remonter un avion dans une telle position. À 67 m de l’eau, le signal « Inclinaison gauche élevée » s’est allumé. À 34 m, le commandant Volkov a visiblement tenté de corriger son erreur en repoussant le gouvernail jusqu’à son point d’appui à droite. En vain : à la 73e seconde de vol, l’appareil heurtait de l’aile gauche la surface de la mer, se brisait et coulait. Au moment de l’impact, l’inclinaison gauche était d’environ 50° et la vitesse conventionnelle de 540 km/h. Au total, l’avion a parcouru 1 270 m au-dessus de l’eau, déviant considérablement à gauche par rapport au cap fixé.

 

Une vidéo spectaculaire qui visualise bien la perte des commandes de vol d'un Tu 154. Le pilote, un as, a réussi malgré tout à poser son avion:

https://www.youtube.com/watch?v=mvgvIxpNMn0